Lortiwa
LORTIWA, « artiste réaliste abstrait essentialiste » par Caroline de KERGARIOU.
Quand Lortiwa (qui ne s’appelle pas Lortiwa à l’époque) sort des Beaux-Arts en 1981, l’art est mort depuis longtemps, la dernière avant-garde est restée coincée quelque part du côté des années 60, il n’y a plus un mouvement artistique mais une saine atomisation en multiples tendances, il serait donc parfaitement libre de choisir celle qui lui convient.
Hélas ! Lortiwa s’intéresse à la représentation, autrement dit un mode de traitement du réel relégué aux poubelles de l’histoire au même titre que l’ancien régime.
Un mode dont les artistes se sont libérés, affranchis et qu’ils ne pratiquent plus qu’avec distance, « décalage » comme il convient de dire pour montrer que l’on n’est pas dupe.
Que peut faire Lortiwa ? Va-t-il se résigner à choisir une autre tendance ?
Non. Il va se résigner tout court et tourner définitivement le dos à l’art.
Vingt-cinq ans plus tard ( il faut bien ça ) Lortiwa signera pourtant ses premiers tableaux.
Des centaines de personnages vont naître peu à peu sous son pinceau.
Ces gens de tous les jours, de ceux que l’on croise dans la rue, dans les jardins, au milieu de la foule, Lortiwa les abstrait de leur environnement. Il les isole dans un carré sur un fond uni, d’une teinte volontairement non naturaliste. Seule leur ombre indique qu’ils participent du même monde que nous, cette Terre éclairée par une étoile nommée Soleil.
Ne demeure alors que l’essentiel : la présence humaine…
Isolée au cœur d’une case cette présence côtoie sans jamais les croiser d’autres présences, elles aussi dans leurs cases qui, si on pouvait toutes les réunir depuis la première œuvre réalisée par Lortiwa, formeraient un immense damier.
Quatre ans et des centaines d’œuvres plus tard Lortiwa s’attache à toujours compléter (elle est inépuisable !) la taxonomie du passant, du citadin saisi dans sa singularité au milieu de la foule.
Caroline de Kergariou
(Cliquez sur les vignettes pour agrandir )
L’idée . « Ayez des idées simples et appliquez les scrupuleusement. » : Guerlain .
… Ce pourraient être des « études de personnages » en vue d’un tableau de groupe.
C’est ce que les peintres faisaient autrefois lorsqu’ils ne pouvaient pas, pour des raisons évidentes, peindre en même temps tout les figurants.
J’étais séduit à la vue de ces études (notamment celles de Boilly au musée de lille), par la présence particulière que prenait chaque personnage isolé de son contexte, ainsi que par le coté « puzzle ».
Ce sont les aspects essentiels de mon travail.
: Isoler chaque personnage (parfois un couple), lui rendre son caractère unique, le placer sur un fond, lui, son ombre, et le moins d’éléments possibles.
Ensuite le côté composite, pas comme un puzzle dans lequel chaque pièce est censé retrouver sa situation définitive, mais en représentant mes personnages sur des formats carrés, comme des cases, permettant des assemblages en colonne ou en damier.
A l’origine je songeais à une série, maintenant je pense plutôt à poursuivre ce travail dans le temps, et ajouter de nouvelles « études » à ce « tableau ».
Le fond: un espace « abstrait »
En excluant les éléments du « décor » qui ne me semblent pas indispensables, voici qu’apparaît une surface : le fond…
C’est sûrement ce qui a le plus évolué dans mes peintures : en m’éloignant des teintes trop naturalistes j’ai réalisé l’importance « fondamentale » de cette surface
La notion de fond est totalement « abstraite » : espace fictif dans lequel se trouve figuré un personnage.
Ce personnage n’est pas sur un fond neutre dont il ne ferait pas partie, son ombre portée modifie le « fond » en un espace, un espace qui lui appartient, en résonance avec lui
Le damier
Mon format le plus inhabituel est sans doute le plus petit de 11 sur 11 centimètres.
Il est le plus adapté à la confection d’un damier, même si j’attend avec impatience le mur qui pourrait accueillir un damier fait d’un grand nombre de 100×100 …
En attendant je projette lors d’une exposition d’en monter un comprenant cent petits.
Affaire à suivre…
Le réalisme.
Trois hommes noirs en bleu de travail se reposent sur un banc en plein soleil, la lumière donne des taches claires et des ombres fortes. Je prends la photo malgré une petite voix qui me met en garde.
L’image m’est apparue instantanément surgie de quelque part entre les années 20 et 50, plutôt en Amérique.
…Le « réalisme » et les travailleurs… bien sûr depuis longtemps « le réalisme » est attaché à l’image des ouvriers, des paysans, ou des pauvres comme dans le cinéma « néoréaliste ».
Pourquoi ne pourrais-je pas « exploiter » à mon tour la noble fatigue de ces trois hommes laborieux ?
Impossible en tout cas de projeter quoi que ce soit qui me soit propre dans la présence de ces hommes.
Ni même dans celle de SDF dont la réalité est hélas bien contemporaine…
L’humain est au centre de mes peintures, si il y a un caractère social propre à ce que l’on appelle le réalisme, il se trouve dans le sujet lui-même.
La manière aussi définit le « réalisme », une certaine économie dans la technique, comme si la réalité s’accommodait mal d’une trop grande sophistication, ce qui je l’avoue, m’arrange bien, mon livre sur la technique des Maîtres anciens m’étant souvent tombé des mains…
Peinture du réel, le réalisme est aussi une peinture ancrée dans le présent. Certains éléments courants aujourd’hui vont finir par dater les images et prendront involontairement, si elles existent toujours dans plusieurs dizaines d’années un caractère « rétro »… Mais pour l’instant, je peux toujours représenter les fils blancs des baladeurs.
« LES QUATRE FILLES » Acrylique sur panneau, 60×60 cm
« FEMME QUI MARCHE, FOND ROUGE »: Acrylique sur panneau 60×60.
« FEMME QUI MARCHE, ROBE PRUNE »: Acrylique sur panneau 60×60
« PARISIENNE ROBE ORANGE »: Acrylique sur panneau 60X60.
« PARISIENNE BLONDE, TAILLEUR GRIS »:Acrylique sur toile 100×100.
« FEMME QUI MARCHE A LA SEMELLE ROUGE » Acrylique sur panneau 60×60
« PARISIENNE ROBE ÉCRUE »: Acrylique sur panneau 60×60
« GARCON EN NOIR, CHEVEUX DANS LES YEUX »: Acrylique sur panneau 11X11.
« ROLLEUSE AU CHIEN BLANC »: Acrylique sur panneau 20X20.
« PUNKETTE AUX CHIPS »: Acrylique sur panneau 20×20.
« MANGEUSE DE SOLEIL AU SAC RAYÉ »; Acrylique sur toile 100X100.
« DEUX JEUNES FILLES BLONDES »: Acrylique sur panneau 11×11.
« LE LECTEUR EN HIVER »: Acrylique sur toile 100X100.
« JEUNE FEMME AU VÉLIB »: Acrylique sur panneau 40X40.
« JEUNE FEMME AU BOULEDOGUE »: Acrylique sur toile 100X100.
« LECTEUR NOIR À LA BOUTEILLE D’EAU »: Acrylique sur panneau 60X60.
« HOMME NOIR LISANT, FOND VIOLET »: Acrylique sur panneau 60X60.
« JAPONAISE À PARIS »: Acrylique sur panneau 40X40.
« COUPLE SE REPOSANT SUR UN BANC »: Acrylique sur panneau 40X4Ocm